L’APRE en rééducation, comment et pourquoi l’utiliser ?
L’APRE (Autoregulatory Progressive Resistance Exercise) en rééducation, comment et pourquoi l’utiliser ?
Qu’est-ce que de l’APRE ?
L’Autoregulatory Progressive Resistance Exercise (APRE) est une méthode de renforcement musculaire utilisé initialement en préparation physique. Elle s’appuie sur l’autorégulation de l’intensité d’entraînement selon l’état de forme de l'athlète Contrairement aux protocoles traditionnels basé sur le pourcentage du 1RM et utilisant un nombre de série et de répétition fixe, l’APRE permet d’ajuster la charge en fonction des capacités du jour.
Le principe est assez simple : après un échauffement et une monté en charge progressive, une première série va permettre d’évaluer la forme du jour pour déterminer la charge de travail adaptée. Ensuite, les séries de travail seront ajustées en conséquence. Ce feedback direct évite d’utiliser des charges inadaptées (trop faibles ou trop lourdes) et rend l’entraînement plus efficace, en limitant le surentrainement les mauvais jours ou en optimisant la surcompensation les jours où la forme est là .
Différences avec les méthodes de renforcement traditionnelles
L’APRE se distingue des méthodes classiques de progression linéaire (où la charge augmente de manière régulière et progressive) ou des méthodes ondulatoires (variation planifiée de l’intensité et du volume) par son adaptabilité et a flexibilité.
Ce système est particulièrement intéressant dans des contextes où la récupération est variable, comme chez les athlètes en rééducation, en période compétitive ou lors des phases d’entraînement intense. Cette méthode est intéressante pour favoriser l’adaptation malgré la fatigue tout en limitant le risque de blessure liées au surentraînement.
Application pratique et protocole classique
Le protocole APRE est proposé généralement selon 3 formats différents :
APRE 10 → pour l’endurance musculaire
APRE 6 → pour l’hypertrophie
APRE 3 → pour la force maximale
Pour chacun des programmes APRE, les poids utilisés sont basés sur la répétition maximale (RM) de chaque programme. Par exemple, le APRE3 est basé sur le 3RM ou 92% du 1RM, le APRE6 sur le 6RM ou 85% du 1RM et le APRE10 sur le 10RM ou 75% du 1RM.
Exemple du protocole APRE 6 :
Échauffement :
Série 1 (test) : max reps à 100% du 6RM
Séries 2 et 3 : Max répétition à la charge ajustée selon le nombre de répétition de la 1ère série
Pourquoi l’intégrer en kinésithérapie ?
La rééducation est un processus dynamique. L’APRE permet de :
S’adapter aux fluctuations de la douleur, de la fatigue ou de la confiance du patient
Permettre une surcharge progressive en limitant le « surentrainement » ou la surcharge excessive
Impliquer activement le patient dans son protocole (motivation et responsabilisation)
Permettre un retour progressif à la performance en respectant les capacités du jour
👉 Horschig et al. (2014) montrent par exemple une progression efficace chez un patient post-LCA en intégrant l’APRE dans une phase de transition entre la rééducation et la préparation physique.
Quand utiliser l’APRE en kiné ?
Lors de la réathlétisation après une blessure
Stagnation sur les charges de travail via des méthodes linéaires
Pour limiter la monotonie lors des pathologie où la rééducation est longue (LCA, rupture tendineuse, etc.)
Pour individualiser le suivi et être plus précis dans la surcharge progressive
Exemple de protocole (réathlétisation genou)
Objectif : récupérer de la force sur le squat bulgare post LCA opéré.
Semaine 1 à 3 : APRE 10
Semaine 4 : décharge
Semaine 5 à 7: APRE 6
Semaine 8 : décharge
Semaine 9 à 11 : APRE 3
Semaine 12 : décharge
2 séances par semaine sur le même mouvement associé à du renforcement en isolation pour les quadriceps, les ischio-jambiers, le triceps sural et les fessiers.
Cette méthode permet une suivi bi-hebdomadaire de la progression des charges, une adaptation selon douleur, la forme et la fatigue.
Conclusion : une méthode à explorer
L’APRE n’est pas une méthode miracle, mais elle offre un cadre structuré et flexible, précieux dans des parcours de réathlétisation parfois complexes. Son usage en kinésithérapie doit rester raisonné, adapté aux profils des patients et bien encadré, mais son potentiel d’individualisation en fait un outil à utiliser au cabinet. De plus, il est facile à mettre en place puisqu’il ne nécessite aucun matériel supplémentaire et n’est pas chronophage.
Au Kab Du Sport nous proposons des suivis individualisés pour les athlètes CrossFit et Hyrox qui souhaitent traiter leur blessures ou prévenir leur apparition. N’hésite pas à nous contacter si tu veux commencer ton suivi dès maintenant.
Références
Horschig, A.D., Neff, T.E., & Serrano, A.J. (2014). Utilization of autoregulatory progressive resistance exercise in transitional rehabilitation periodization of a high school football-player following ACL reconstruction. Int J Sports Phys Ther, 9(5), 691–698.
Ghobadi, H., et al. (2021). Auto-regulatory progressive training compared to linear programming on muscular strength, endurance, and body composition in recreationally active males. Eur J Sport Sci, 22, 1543–1554.
Mann, J.B., et al. (2010). The effect of autoregulatory progressive resistance exercise vs. linear periodization on strength improvement in college athletes. J Strength Cond Res, 24, 1718–1723.