Périostite tibiale (MTSS) chez les coureurs, CrossFitters et athlètes Hyrox : comprendre, prévenir et traiter
Périostite tibiale (MTSS) chez les coureurs, CrossFitters et athlètes Hyrox : comprendre, prévenir et traiter
Introduction
Tu as des douleurs diffuses sur la face interne du tibia en courant ou pendant tes entraînements de CrossFit ou Hyrox ? Il pourrait s’agir d’une périostite tibiale aussi appelé Medial Tibial Stress Syndrome (MTSS). Cette affection, fréquente chez les coureurs touche également beaucoup d’athlète Hyrox (qui comprends 60% de course à pied à haute intensité) mais aussi lors d’impacts répétés comme en CrossFit sur les DU ou les box jumps par exemple, est souvent liée à une surcharge mécanique. Mieux comprendre cette pathologie permet une prise en charge plus efficace, tant pour la prévenir que la traiter.
Qu’est-ce que la périostite tibiale (MTSS) ?
La MTSS désigne une douleur liée à une inflammation du périoste, la membrane entourant le tibia, généralement sur son tiers inférieur et postéro-médial. Elle survient suite à des microtraumatismes répétés, en particulier dans les sports impliquant de la course à pied et les sauts.
Structures impliquées :
Périoste tibial (membrane de l’os)
Insertions des muscles de la loge postérieure (principalement le soléaire, le tibial postérieur et le fléchisseur des orteils)
La jonction entre les tendons de ces muscles et le tibia qui est soumise à des contraintes de traction répétées.
Ces tractions créent un stress mécanique sur le périoste, dépassant la capacité d’adaptation du tissu osseux et menant à une réponse inflammatoire.
Incidence et facteurs de risque
La MTSS représente jusqu’à 16 à 20 % des blessures chez les coureurs (Yates & White, 2004 ; Moen et al., 2009), avec une prévalence accrue chez les débutants ou lors d’une reprise intense de l’entraînement.
Facteurs de risque identifiés :
Surcharge ou augmentation trop rapide du volume d'entraînement
Biomécanique : pronation exagérée, déficit de contrôle moteur du pied et de la cheville
Faiblesse des muscles stabilisateurs de hanche et cheville
Chaussures inadaptées ou usées (>800km)
Modification de la surface de course (passage à un sol dur ou irréguliers)
Antécédents de fractures de fatigue
Faible densité minérale osseuse
Des études récentes ont mis en évidence un modèle multifactoriel impliquant :
Des facteurs biomécaniques : comme une éversion excessive du pied, une chute du naviculaire importante (navicular drop), un affaissement du bassin contro-latéral ou encore un décollement précoce du talon lors de la course.
Des anomalies structurelles osseuses, comme une densité minérale osseuse locale réduite et une section transversale tibiale plus faible, signes d’un stress mécanique mal géré par l’organisme.
Des déséquilibres neuromusculaires, tels qu’une faiblesse des abducteurs de hanche, une tension accrue du tractus ilio-tibial, un manque de masse musculaire et une activité trop importante du soléaire.
Ces altérations contribuent à une modification de la distribution des contraintes sur le tibia, favorisant l’apparition de la MTSS.
Symptômes caractéristiques
Douleur diffuse sur la face interne du tibia, non localisée en un point précis
Apparition progressive, souvent en début de course qui peut diminuer à chaud
Sensibilité à la palpation sur une zone étendue (>5 cm)
Amélioration au repos, mais retour rapide à l’effort si non traité
Diagnostic différentiel
Une douleur tibiale n’est pas toujours une périostite. Il est essentiel d’écarter d’autres pathologies :
Fracture de fatigue : douleur plus localisée (point exquis), persistante, augmentant avec l’effort et parfois au repos.
Syndrome des loges : douleur et sensation de tension insupportable dans la jambe à l’effort, parfois avec paresthésies et congestion très importante.
Atteinte musculaire (solaire, LFH, tibial postérieure) : douleur à la contraction musculaire, située plus à distance de l’os.
Atteinte nerveuse (nerf tibial postérieur) : douleurs irradiantes, parfois avec troubles sensitifs ou moteur.
L’imagerie (IRM ou scintigraphie osseuse) peut être indiquée en cas de doute ou d’évolution anormale.
Traitements recommandés
Les recommandations actuelles s’appuient sur une approche active et progressive (Moen et al., 2012 ; Winters et al., 2021) :
Adaptation de la charge d’entraînement (pas d’arrêt complet sauf en cas de douleur même à la marche)
Renforcement musculaire ciblé : mollets (triceps sural), fléchisseurs plantaires, stabilisateurs de hanche
Ajustement de la technique de course (ni trop talon, ni trop avant-pied)
Travail de la proprioception et de la stabilité du pied, de la cheville et des hanches
Cryothérapie en phase aiguë
Semelles orthopédiques si hyper-pronation avérée
Entraînement croisé (natation, vélo, ergo) pour maintenir un bon niveau de conditionnement sans impact.
Profiter de cette période pour travailler d’autres qualités physiques : renforcement musculaire, technique sur ergo (ski, rameur), haltérophilie, force maximale, etc. Bref profitez de cette période pour travailler vos points faibles.
Mesures controversées ou à éviter :
Injections de corticoïdes locaux : non recommandées
Traitements passifs seuls (ultrasons, TENS, etc.)
Reprise précoce sans adaptation de la charge ou correction des facteurs de risque
Prévention
Une prévention efficace passe par une bonne gestion de la charge d’entraînement et un renforcement musculaire adapté :
Augmentation progressive du volume (5-10 % par semaine avec décharge régulière)
Alternance des surfaces d’entraînement
Port de chaussures adaptées et renouvelées tous les 700-800 km
Renforcement musculaire des membres inférieurs
Travail de la technique de course et cadence de foulée
Conclusion
La périostite tibiale est une blessure fréquente mais réversible avec une prise en charge adaptée. Une bonne connaissance des signes précurseurs, une bonne gestion de la charge et un programme de rééducation ciblé permettent une reprise sécurisée et durable de la course à pied. Si tu souhaite venir à bout de tes périostites, nous proposons des suivis 100% personnalisés pour que tu puisses revenir au top et puissent continuer à t’entraîner pendant cette période.
Références
Moen, M. H., Tol, J. L., Weir, A., & Steunebrink, M. (2009). Medial tibial stress syndrome: a critical review. Sports Medicine, 39(7), 523–546.
Winters, M., Bakker, E. W., Moen, M. H., & Weir, A. (2021). Treatment strategies for medial tibial stress syndrome: a systematic review. Scandinavian Journal of Medicine & Science in Sports, 31(1), 40–55.
Yates, B., & White, S. (2004). The incidence and risk factors in the development of medial tibial stress syndrome among naval recruits. The American Journal of Sports Medicine, 32(3), 772–778.
Newman, P., Witchalls, J., Waddington, G., & Adams, R. (2013). Risk factors associated with medial tibial stress syndrome in runners: a systematic review and meta-analysis. Open Access Journal of Sports Medicine, 4, 229–241.