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Préparation physique

Pubalgie en CrossFit et Hyrox : comprendre, prévenir, rééduquer

Pubalgie en CrossFit et Hyrox : comprendre, prévenir, rééduquer


Qu’est-ce qu’une pubalgie ?


La pubalgie est une douleur chronique localisée dans la région inguino-pubienne, fréquente chez les sportifs sollicitant intensément la région pelvienne. C’est une pathologie multifactorielle que l’on retrouve particulièrement dans les sports d’accélération, de changement de direction et sollicitant fortement les hanches.


Anatomie et atteinte structurelle


Les structures impliquées dans la pubalgie incluent :

  • Muscles abdominaux : notamment le droit de l'abdomen et les obliques, qui peuvent présenter des lésions ou des tendinopathies.

  • Os pubien et symphyse pubienne : sujets à des inflammations ou arthropathies.

  • Muscles adducteurs : particulièrement le long adducteur, souvent affecté par des tendinopathies d'insertion ou des lésions musculaires.

  • Complexe PLAC (pyramidalis-anterior pubic ligament-adductor longus complex) : le muscle pyramidal est le seul muscle antérieur du pubis. On retrouve une connexion forte et directe entre ce muscle et le muscle long adducteur via le ligament pubien antérieur.


Test diagnostiques


Palpation : douleur à la pression sur les insertions des adducteurs (notamment au niveau du long adducteur) ou des abdominaux (droit de l'abdomen et obliques), permettant d’orienter la suspicion vers une atteinte musculaire ou tendineuse.


Tests de provocation :

  • Adductor squeeze test : test dynamique mesurant la force et la douleur lors d'une contraction isométrique des adducteurs, en position de décubitus dorsal avec un dynamomètre ou un ballon entre les genoux (Delahunt et al., 2011).

  • Resisted sit-up / Cross-Body sit-up test : reproduction de la douleur lors de la contraction des muscles abdominaux en flexion du tronc, croisée ou non, soulignant l’implication des insertions abdominales.

  • Single ou bilateral leg adduction test : contraction des adducteurs en position allongée, unilatérale ou bilatérale, pour identifier la douleur et comparer la force avec le côté opposé (Hölmich et al., 2004).


Imagerie :

  • IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) : l'examen de référence pour visualiser les atteintes des tendons (tendinopathies, déchirures), des muscles (lésions aiguës ou chroniques), de la symphyse pubienne (œdème osseus) et pour éliminer les diagnostiques différentiels (Zoga et al., 2008 ; Koulouris & Connell, 2006).

  • L’échographie peut être utile pour visualiser les atteintes musculaires superficielles ou guider les infiltrations.


Diagnostique différentiel


ll est essentiel d'exclure d'autres pathologies pouvant mimer une pubalgie, notamment :


Névralgie du nerf obturateur : Douleur irradiant vers la face interne de la cuisse, souvent exacerbée par les mouvements de la hanche. Il est essentiel de mettre en tension le nerf et d’effectuer une différenciation structurelle pour mettre en évidence cette pathologie.


Pathologies de la hanche :


Hernies inguinales : Protusion d’un segment de l’intestin à travers la paroi abdominale, se manifestant par une douleur à l’effort et/ou une tuméfaction inguinale.


Fractures de fatigue du pubis : Fractures de stress de la branche pubienne, elles peuvent apparaître chez les sportifs soumis à des contraintes répétées telle que la course et les sauts. Elles se traduisent généralement par une douleur d’apparition progressive à la marche et à la palpation osseuse.


Atteinte de l’articulation sacro-iliaque : Les douleurs de l’articulation sacro-iliaque peuvent également irradier dans la région inguino-pubienne.


Ces diagnostics différentiels nécessitent une évaluation clinique précise et une l’imagerie adaptée (IRM et/ou échographie) pour confirmer la cause exacte de la douleur inguinale.


Facteur de risque


Les facteurs augmentant le risque de pubalgie chez les pratiquants de CrossFit et Hyrox comprennent :


  • Changements de direction répétés : sollicitant les adducteurs et la symphyse pubienne.

  • Manque de mobilité de la hanche : Une limitation de la mobilité articulaire, notamment en rotation interne et en extension, est fréquemment observée chez les athlètes souffrant de pubalgie.

  • Certaines particularité anatomique tel que les conflits femoroacétabulaires

  • Charge d'entraînement excessive : Une augmentation rapide de l'intensité ou du volume d'entraînement, sans période d'adaptation adéquate, peut contribuer à l'apparition de la pubalgie.

  • Déséquilibres musculaires : Un déséquilibre entre les muscles abdominaux et les adducteurs peut entraîner une surcharge mécanique sur la symphyse pubienne, favorisant l'apparition de douleurs chroniques dans la région inguinale.


Traitement recommandé


Le traitement de la pubalgie est pluridisciplinaire et comprend :

  • Repos relatif : éviter les activités aggravantes tout en maintenant une activité physique adaptée.

  • Rééducation : axée sur le renforcement des muscles stabilisateurs du tronc, du bassin et des adducteurs et l'amélioration de la mobilité de la hanche et du bassin. Ces exercices sont à déterminer selon le bilan initial.

  • Thérapies manuelles : parfois intéressante pour soulager les tensions musculaires et améliorer la mobilité articulaire avant la mise en place d’exercice de rééducation.

  • Traitement médical : les anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent être utilisés pour gérer la douleur ; les infiltrations sont envisagées en cas de douleur persistante, bien que leur efficacité soit variable .

  • Chirurgie : réservée aux cas réfractaires après échec du traitement conservateur pendant plusieurs mois. Il existe différents type de chirurgie selon la structure atteinte.


Conclusion


La pubalgie est une pathologie complexe, multifactorielle et qui peut apparaître chez les pratiquants de CrossFit ou d’Hyrox. Une prise en charge efficace repose sur un diagnostic précis, intégrant l’analyse des facteurs de risque, des tests cliniques spécifiques et des imageries adaptées. Au Kab du Sport, nous proposons des suivis personnalisés et 100 % individualisés pour t’accompagner dans la gestion de tes douleurs, optimiser tes performances et la prévenir d’éventuelles blessures.




Références


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Schilders E, Bharam S, Golan E, Dimitrakopoulou A, Mitchell A, Spaepen M, Beggs C, Cooke C, Holmich P. The pyramidalis-anterior pubic ligament-adductor longus complex (PLAC) and its role with adductor injuries: a new anatomical concept. Knee Surg Sports Traumatol Arthrosc. 2017 Dec;25(12):3969-3977. doi: 10.1007/s00167-017-4688-2. Epub 2017 Sep 2. PMID: 28866812; PMCID: PMC5698379.

Delahunt, E., Thorborg, K., Khan, K. M., Murphy, J. C., & Hulme, A. (2011). The adductor squeeze test: which is the optimal test position for eliciting maximum squeeze values in asymptomatic athletes? British Journal of Sports Medicine, 45(7), 563–568.

Koulouris, G., & Connell, D. (2006). Imaging review of groin pain in elite athletes: an anatomic approach to imaging findings. AJR American Journal of Roentgenology, 187(4), 984–992.

Ekstrand, J., Hägglund, M., & Waldén, M. (2011). Injury incidence and injury patterns in professional football: the UEFA injury study. British Journal of Sports Medicine, 45(7), 553–558.

Serner, A., van Eijck, C. H., Beumer, B. R., Hölmich, P., Weir, A., de Vos, R. J., & Tol, J. L. (2015). Study protocol of the Dutch Hip and Groin Outcome Study (DHGOS): a prospective cohort study on the diagnosis and treatment of groin pain in athletes. BMJ Open Sport & Exercise Medicine, 1(1), e000028.

Anderson, K., & Strickland, S. M. (2001). Hip and groin injuries in athletes. American Journal of Sports Medicine, 29(4), 521–533.

Hölmich, P., Uhrskou, P., Ulnits, L., Kanstrup, I. L., Nielsen, M. B., Bjerg, A. M., & Krogsgaard, K. (1999). Effectiveness of active physical training as treatment for long-standing adductor-related groin pain in athletes: randomised trial. The Lancet, 353(9151), 439–443.