Tendinopathie Patellaire : Qu’est-ce que c’est et comment la traiter ?
Tendinopathie Rotulienne : Qu’est-ce que c’est et comment la traiter ?
Qu’est-ce qu’une tendinopathie patellaire (ou rotulienne) ?
La tendinopathie patellaire est une atteinte du tendon patellaire (situé enter la rotule et le tibia), souvent observée généralement chez les sportifs pratiquant des disciplines impliquant des sauts ou des changements de direction répétés (basketball, haltérophilie, CrossFit…). Cette pathologie est caractérisée par des douleurs localisées sous la rotule et une diminution de la capacité fonctionnelle du tendon (Cook & Purdam, 2009).
On distingue deux formes principales de tendinopathie :
La tendinopathie réactive (phase initiale) : Réponse adaptative à une surcharge mécanique excessive (Cook & Purdam, 2016).
La tendinopathie dégénérative (phase avancée) : Altérations structurelles profondes du tendon, souvent irréversibles.
Incidence et facteurs de risque
La tendinopathie patellaire touche majoritairement les athlètes exposés à des forces mécaniques répétées sur le tendon. Les principaux facteurs de risque sont :
Un volume d'entraînement excessif (> 20h par semaine) ou une augmentation brutale de la charge ;
Un déficit de force ou de contrôle moteur des membres inférieurs, notamment du quadriceps ;
Une raideur excessive des quadriceps ou des ischio-jambiers ;
Une augmentation de la masse corporelle ;
Être de sexe féminin ;
Des antécédents de blessure au niveau du genou ;
Un mauvais équilibre entre récupération et sollicitation tendineuse.
Symptômes et diagnostic
Douleur localisée sous la rotule, exacerbée par les sauts et la descente des escaliers ;
Raideur tendineuse au réveil ou après une période de repos ;
Sensibilité à la palpation du tendon rotulien ;
Diminution des performances sportives (réduction de la force et de l’explosivité).
Tests cliniques
Single Leg Decline Squat : Douleur exacerbée en squat sur une jambe sur surface inclinée (Kongsgaard et al., 2009).
Saut en contre-mouvement : Reproduction de la douleur à la réception.
Palpation du tendon : Sensibilité accrue sur le pôle inférieur de la rotule.
Modifications macroscopiques et microscopiques du tendon
Tendinopathie réactive :
Réaction du tendon à une surcharge mécanique soudaine.
Niveau microscopique :
Désorganisation modérée du collagène (type I → type III, moins résistant).
Augmentation des protéoglycanes entraînant une rétention d’eau et un gonflement du tendon.
Hypercellularité avec prolifération des ténocytes.
Pas de néovascularisation significative à ce stade (Cook & Purdam, 2016).
Tendinopathie dégénérative :
Résulte d’une surcharge chronique et d’un échec de la réparation tissulaire.
Niveau microscopique :
Désorganisation avancée des fibres de collagène.
Diminution du collagène de type I, remplacé par du collagène de type III, moins structuré et moins résistant.
Apoptose des ténocytes, réduisant la capacité de réparation du tendon.
Néovascularisation anarchique, avec formation de nouveaux vaisseaux sanguins inefficaces.
Présence accrue de métalloprotéinases (MMPs), enzymes dégradant davantage la matrice extracellulaire du tendon (Riley, 2008).
Traitement et rééducation
Le traitement dépend du stade de la tendinopathie :
Phase réactive
Réduction de la charge : Adapter l’entraînement pour limiter la contrainte sur le tendon.
Exercices isométriques : Maintiens prolongés en extension pour diminuer la douleur (Rio et al., 2015). Les exercices isométrique peuvent réduire la douleur à court terme dans la plupart des cas. Cependant, si la douleur est augmentée il est préférable de changer de stratégie.
Optimisation de la récupération : Sommeil, nutrition, hydratation.
Phase dégénérative
Protocole de renforcement type Heavy Slow Resistance : pattern de squat lourd avec tempo lent et contrôlé (3131).
Travail pliométrique progressif : Pour réintroduire les sollicitations tendineuses contrôlées (Malliaras et al., 2013).
Traitement complémentaire : Onde de choc, PRP (plasma riche en plaquettes) selon les cas peuvent parfois aider à passer un cap dans la rééducation.
Les anti-inflammatoires (infiltration ou oraux) et le repos prolongé ne sont pas recommandés, car ils peuvent ralentir la régénération tissulaire (Scott et al., 2015).
Conclusion
La prise en charge des tendinopathies patellaire doit être adaptée au stade de la pathologie. Une bonne gestion de la charge d’entraînement et un renforcement progressif sont les clés pour favoriser la guérison et prévenir les récidives. Si la douleur persiste, une consultation chez un kinésithérapeute spécialisé est recommandée. Au Kab du Sport, nous te proposons une prise en charge à distance 100% individualisé pour t’aider à venir au bout de tes douleurs.
À retenir : Un tendon bien soigné est un tendon performant !
Références
Cook, J. L., & Purdam, C. R. (2009). Is tendon pathology a continuum? A pathology model to explain the clinical presentation of load-induced tendinopathy. British Journal of Sports Medicine, 43(6), 409-416.
Cook, J. L., & Purdam, C. R. (2016). The challenge of managing tendinopathy in competing athletes. British Journal of Sports Medicine, 50(14), 851-852.
Kongsgaard, M., Kovanen, V., Aagaard, P., Doessing, S., Hansen, P., Laursen, A. H., ... & Magnusson, S. P. (2009). Corticosteroid injections, eccentric decline squat training and heavy slow resistance training in patellar tendinopathy. Scandinavian Journal of Medicine & Science in Sports, 19(6), 790-802.
Malliaras, P., Cook, J. L., Kent, P., & Drew, M. K. (2013). Reduced ankle dorsiflexion range may increase the risk of patellar tendon injury among volleyball players. Journal of Science and Medicine in Sport, 16(5), 356-360.
Morton, Sarah MBBS, MRCP*; Williams, Sean PhD†; Valle, Xavier MD‡; Diaz-Cueli, David PGDipPhty§,¶; Malliaras, Peter PhD*,‖; Morrissey, Dylan PhD*,#,**. (2017). Patellar Tendinopathy and Potential Risk Factors: An International Database of Cases and Controls. Clinical Journal of Sport Medicine 27(5):p 468-474, September 2017. | DOI: 10.1097/JSM.0000000000000397
Riley, G. (2008). Tendinopathy–from basic science to treatment. Nature Clinical Practice Rheumatology, 4(2), 82-89.
Rio, E., Kidgell, D., Purdam, C., Gaida, J., Moseley, G. L., Pearce, A. J., & Cook, J. (2015). Isometric exercise induces analgesia and reduces inhibition in patellar tendinopathy. British Journal of Sports Medicine, 49(19), 1277-1283.
Scott, A., Backman, L. J., & Speed, C. (2015). Tendinopathy: update on pathophysiology. Journal of Orthopaedic & Sports Physical Therapy, 45(11), 833-841.
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